Ces associations permettent à des étudiants d’acquérir une expérience professionnelle tout en étant rémunérés. Un exemple favorisant l’insertion professionnelle repris à l’étranger.
Les Junior-Entreprises ne connaissent pas la crise. Malgré un contexte économique difficile, elles affichent même une santé insolente. Présentes dans les écoles et les universités, ces associations étudiantes gérées comme dee sociétés ont réalisé en 2011 un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, en augmentation de 14,5% par rapport à 2009, l’année 2010 ayant été marqué par une forte consolidation. L’an dernier, pas moins de 2300 entreprises ont sollicité les services des 160 Junior-Entreprises françaises membres de la Confédération Nationale des Junior-Entreprises (CNJE), qui promeut le concept et la marque «Junior-Entreprise».
Créées il y a plus de quarante ans dans le but de rapprocher l’enseignement du monde de l’entreprise, ces associations loi 1901 à but non lucratif et à caractère professionnel constituées exclusivement d’étudiants volontaires remplissent des missions de conseil et de prestations de services pour des clients aux profils très variés. «Cela peut aller d’un business plan pour un auto-entrepreneur, facturé 1.000 euros à une étude qualitative de plusieurs mois pour un grand groupe, facturée 30.000 euros», explique Lamia Bennani de l’ESCadrille Toulouse Junior Conseil, élue meilleure Junior-Entreprise de France en 2011 par la CNJE.
Ces associations bénéficient en effet de charges sociales allégées du fait de leur statut dérogatoire, leur permettant de proposer des tarifs jusqu’à quatre fois inférieurs à ceux proposés par un prestataire classique. «Outre le tarif avantageux de nos services, c’est aussi notre expertise qui est plébiscitée», souligne Adrien Vasse, président d’EDHEC Junior Etudes, qui a vu son chiffre d’affaires doubler entre 2009 et 2011 à 220.000 euros. Une analyse partagée par Matthias Brottier, le président de la CNJE, pour qui «c’est le concept en lui-même qui plaît. Nos membres sont dynamiques et apportent un regard neuf, innovant et précurseur aux clients». Leur microstructure et leur qualité d’association permettent aux Junior Entreprises d’être réactives, flexibles et d’offrir un service personnalisé et de se démarquer des grands cabinets de conseil.
Contrairement aux idées reçues, les Junior-Entreprises ne concernent pas uniquement les domaines de la finance et de l’ingénierie. Elles couvrent un large champ d’activité qui va aussi bien de l’agronomie à l’optique, de la pharmacie au graphisme en passant par l’électronique. Longtemps réservées aux écoles, les universités sont en passe de rattraper leur retard. Dans le cadre du plan «Étudiants Entrepreneurs» lancé en septembre 2009 visant à faire connaître et développer le statut d’entrepreneur dans les universités, Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, souhaitait que soit créée une «junior entreprise» dans chacune des 83 universités françaises avec l’aide de la CNJE. Trois ans après, le nombre de junior étudiantes a presque quadruplé passant de 11 à 40!
Parmi elles, la Sorbonne Junior Conseil, créée en février 2010 dans le giron de l’École de Management de la Sorbonne (Paris I) et parrainée par le ministre de l’Education Luc Chatel. Au cours de sa première année d’existence, elle a réalisé 10 missions dont une pour Air Liquide. «C’est un nombre relativement faible mais très honorable pour une première année», explique François-Xavier Renault, son président. Le Groupe Tollens de peintures, qui a fait appel à cette Junior-Entreprise pour une mission, se déclare «satisfait» de la qualité de la mission réalisée et des compétences manifestées.
Une expérience qui permet aux étudiants de mettre en pratique les enseignements dont ils bénéficient et d’appréhender les problématiques de l’entreprise tout en étant rémunérés. Sans parler du réseau professionnel qui se constitue au fil des missions. Autant d’atouts qui pourront être valorisés au moment de rentrer dans la vie active.
À l’heure où les politiques peinent à enrayer la montée du chômage chez les jeunes et forte de son expérience, la CNJE entend participer au débat. Le Club Junior-Entreprises, son cercle de réflexion, a ainsi publié en mars dernier un Livre blanc à destination des candidats à l’élection présidentielle afin d’améliorer l’insertion professionnelle des jeunes diplômés au travers de dix propositions.
Un modèle d’entreprise qui a fait ses preuves au point de s’exporter au-delà de nos frontières. Fondée en 1992 à l’initiative de la CNJE, la JADE fédère les Junior-Entreprises européennes. En 2012, on comptait une trentaine de Junior-Entreprises en Allemagne, 25 aux Pays-Bas, autant en Italie, 8 en Suisse ou encore 3 en Roumanie. Et preuve que l’on n’a jamais fini d’apprendre,les universités d’entreprise ont aussi le vent en poupe.
Yohan Abecassis
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