Le samedi 15 avril, les trois dernières centrales nucléaires allemandes ont été débranchées du réseau. Le nucléaire civil allemand connait sa fin dans un contexte d’urgence climatique, face à un regain des faveurs de l’opinion publique après l’accident de Fukushima en 2011.
Isar 2, Neckarwestheim et Emsland, réacteurs nucléaires à eau pressurisée « Konvoi », ont été exemplaires pendant leur 34 ans de service, avec une puissance nominale entre 1310MW et 1410MW ainsi qu’un facteur de charge d’au-delà 88%. Leur arrêt met un terme à tout espoir de prolongement de durée de vie. En comparaison, bien que les réacteurs américains diffèrent des machines allemandes, 90% des 92 réacteurs américains se sont déjà vus accordés une extension de leur durée d’exploitation à 60 ans et des prolongements à 80 ans ont été prononcés.
Ces trois réacteurs ont produit 32,7 TWh en 2021 sans émission carbone lors du fonctionnement. Pour compenser cette perte annuelle, l’Allemagne devra émettre au moins 20 millions de tonnes équivalent dioxyde de carbone. L’énergie issue du renouvelable allemand n’étant pas à la demande, l’effort sera demandé au charbon et au gaz lorsque la constance du nucléaire manquera. En plus des gaz à effet de serre, les substances toxiques (arsenic, plomb, mercure, etc) émises par les centrales à lignite sont à ajouter au bilan écologique déjà lourd de la dépendance électrique outre-rhin aux énergies fossiles.
Alors que l’électricité allemande est déjà six fois plus émissive que celle de l’hexagone (426 vs 70 gCO2/KWh, moyenne des 12 derniers mois, Electricity Maps), le respect de ses obligations climatiques semble inatteignable et ce malgré un investissement massif dans le solaire et l’éolien qui souffrent de leur intermittence. Ce choix dicté par l’appréhension du nucléaire et de ses risques a su remuer les experts du climat. La renonciation allemande à l’atome était planifiée. Parmi les indignés, certains rappellent que la France est loin de s’approcher de la trajectoire requise. L’objectif de l’Accord de Paris étant d’atteindre les 2 tonnes de CO2 émises par an par personne d’ici 2050 (actuellement supérieur à 9 tonnes par personne par an en France).
Quoiqu’il en soit, ce n’est ni par le charbon ni par des demi-mesures que l’on parviendra à réduire drastiquement nos émissions pour contenir les effets dévastateurs du réchauffement climatique. Dans un tel contexte, les junior-entreprises ne sont pas à la hauteur du défi. Il y a 4 ans, EDHEC Junior Etudes a lancé le fond de dotation RSE OxyJEne, incarnant le premier réel virage RSE du mouvement. Bien que nous sommes la première junior-entreprise certifiée ISO 14001, gage d’un management environnemental, notre action est loin d’être suffisante. La junior-entreprise de l’EDHEC cherche en ce sens à se réinventer, en ancrant au sein de ses études et recommandations ses ambitions environnementales.