Jugeant le Bitcoin perfectible, Vitalik Buterin, un jeune Canadien d’origine russe, a inventé Ethereum fin 2013 alors qu’il n’avait que 19 ans. Il a choisi le nom « Ethereum » en référence à l’ether qu’il décrit comme « un hypothétique matériau invisible qui permettrait à la lumière de se déplacer ».
En une phrase, Ethereum est une blockchain permettant de créer des applications décentralisées. Mais encore ?
Application classique VS application décentralisée
Pour bien comprendre ce qu’est une application décentralisée ou « dApp » il faut tout d’abord revenir sur la notion de blockchain.
Une blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations qui fonctionne sans organe central de contrôle. Il s’agit d’une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués et qui est stockée sur le serveur de chacun des utilisateurs. Les transactions effectuées par les utilisateurs sont regroupées en blocs qui, une fois validés par les nœuds du réseau – les « mineurs » – sont rajoutés à la blockchain. Les mineurs sont chargés de l’opération dite de « minage » : ils assemblent les transactions en bloc, ajoute un en-tête comprenant les caractéristiques du bloc (taille, nombre de transactions, date, etc) ainsi qu’une somme de contrôle (le hash). Le hash garantie l’inaltérabilité du bloc ainsi que l’unicité de sa position dans la blockchain. Métaphoriquement, une blockchain est donc un livre infalsifiable et entièrement sécurisé à la suite duquel chaque utilisateur peut écrire mais où rien ne peut être effacé.
Avec une application classique, chaque ordinateur ou appareil est connecté à un réseau centralisé (le serveur de l’application) par lequel transite chaque opération. A l’inverse, dans le cas des applications décentralisées, chaque information est envoyée à un réseau indépendant d’ordinateurs qui sont répartis dans le monde entier et possédés par des personnes physiques. Les données de l’application sont stockées et décentralisées sur une blockchain. Pour se connecter au réseau, il suffit d’installer sur son ordinateur un programme spécial appelé « mist ».
Une nouvelle crypto-monnaie : l’éther
Chaque ordinateur participant au réseau, comme il contribue à fournir une puissance de calcul, est rémunéré par l’octroi d’éther. L’éther peut s’échanger comme une monnaie sur une plateforme de marché. En effet, les personnes qui possèdent un ordinateur relié au réseau peuvent échanger leur éther contre des euros, par exemple à des développeurs de dApps qui souhaitent exécuter leur application sur le réseau Ethereum. Pour détenir de l’éther il faut donc soit participer au réseau, soit rémunérer les participants.
L’éther peut également s’échanger contre du gaz. Effectivement Ethereum fait appel à l’utilisation d’une deuxième unité appelée « gaz » qui sert à alimenter les activités de minage. Autrement dit, le gaz correspond à des frais de transaction et est nécessaire pour exécuter les contrats. Chaque opération de calcul a un coût défini en gaz. N’importe quelle transaction coûte un minimum de 500 gaz.
Les smart-contracts
Autre particularité de la plateforme, toute la programmation s’effectue sous la forme de « smart contracts ». Il s’agit d’un contrat prévu pour s’enclencher automatiquement quand certaines conditions sont remplies, et ce sans tierce personne.
Prenons l’exemple d’une application comme Uber : Uber centralise les paiements et récupère une commission sur la course. Si un bug vous débite alors que vous avez annulé votre course, c’est le problème, non du chauffeur, mais de l’application qui vous remboursera a posteriori. Une telle situation ne peut avoir lieu dans le cas d’une application reposant sur l’utilisation de smart contracts. En effet, les éthers seraient directement transférés sur le compte du chauffeur si et seulement si la course s’est déroulée comme prévue.
Léa Coste