Chaque année, les professionnels de la grande distribution et les professionnels du secteur agro-alimentaire se réunissent pour d’importantes négociations axées autour des prix des produits que nous achetons régulièrement dans les nombreux hypermarchés de France. Cette réunion a pour objectif d’adapter les prix de ces produits aux évolutions que subit le marché (prix des fournisseurs qui varient, par exemple) tout en prenant en compte la demande afin de ne pas perturber les habitudes d’achats des consommateurs. Cette année, alors que le prix des matières premières augmente, les grandes marques ont été contraintes de revoir la majorité de leurs tarifs à la baisse.
DES ÉVOLUTIONS CONSTANTES ENTRE DISTRIBUTEURS SANS RÉPERCUSSION SUR LES CONSOMMATEURS
L’Ilec (Institut de liaisons et d’études des industries de consommation)qui fédère 73 des plus importants groupes à la tête de marques nationales et internationales que nous connaissons tous, sort perdant des négociations annuelles avec les grands distributeurs, à savoir les hypermarchés. Pour la cinquième année consécutive ses adhérents ont été contraint d’accepter pour 70% d’entre eux, des baisses de rémunérations significatives dans un contexte assez peu propice. En effet, les négociations tarifaires annuelles entre ces distributeurs et industriels de l’agroalimentaire et de la grande consommation se sont soldées par une baisse des tarifs de 3% à 8% selon Le Figaro. Une bonne nouvelle pour les hypermarchés, qui vont donc acheter moins cher des produits avant de les revendre.
Sur le marché, un problème persiste toutefois. Les prix des produits baissent mais le volume des ventes ne progresse pas. Les achats des consommateurs ne subissent aucun changement ce qui pose un problème à une double échelle : celle des distributeurs et celle des fournisseurs qui voient, chacun d’entre eux, leur marge diminuer (même si la baisse des prix des fournisseurs permet également plus de manœuvre pour les hypermarchés). Cette situation inédite plombe les comptes des distributeurs, qui cherchent des parades.
Pour présenter cela, on peut prendre l’exemple de l’année 2014. Une forte baisse sur de nombreux biens (à l’image du carburant et des produits alimentaires) s’est produite. Pourtant, il n’y a eu aucune conséquence sur les ventes, qui sont restées stables. Cela a généré une forte incompréhension de la part des différents acteurs. « C’est totalement inédit, souligne l’économiste Robert Rochefort. En 2009, après la crise financière, les Français avaient acheté moins mais les prix n’avaient pas baissé. »
L’ADAPTATION DES GRANDS DISTRIBUTEURS
La principale raison de cette baisse des tarifs a été causée par une hausse du coût des matières premières et une « stagnation de la consommation ». Ces deux facteurs ont engendré une baisse des tarifs de 3% à 8% selon les produits, comme dit précédemment.
Par ailleurs, le tassement des prix et des volumes a eu un effet dévastateur dans le milieu de la grande distribution du fait des marges réduites. Les enseignes veulent acheter mieux pour moins cher avec pour objectif de limiter la perte. Par conséquent, des alliances entre des enseignes se sont faites :
C’est eux, les géants de la grande distribution, qui décident du marché de par leur « superpuissance ». En effet, leur activité représente plus de 90% du Chiffre d’Affaires– en ajoutant Leclerc.
Ces manœuvres entreprises par ces grandes puissances sont effectuées en réaction par rapport à la demande. « Alors que leurs dépenses liées aux contraintes, notamment le logement ou les transports, augmentent en même temps que leurs impôts, ils réduisent leurs achats en magasin qu’il s’agisse de l’alimentaire ou du textile » constate Robert Rochefort pour Challenges. Selon un sondage de Marketing Scan pour LSA, les Français attendent beaucoup de la grande distribution pour améliorer leur pouvoir d’achat. Comme le précise Robert Rochefort, il souhaite que les prix du secteur de la Grande Distribution leur permettent de palier aux diverses augmentations de leurs dépenses afin de pouvoir éviter toute concession. Cela a pour conséquence une guerre des prix au sein des supermarchés. Ceci est une des causes principales de la baisse des prix de gros lors des échanges entre les grands distributeurs et les grandes marques.
LES CONSÉQUENCES POUR LES CONSOMMATEURS ET LEUR PANIER MOYEN
Si la nouvelle n’est pas excellente pour les industriels de l’agro-alimentaire, elle pourrait bien l’être pour les consommateurs d’après certains quotidiens. Effectivement, ces derniers pourraient bénéficier de baisses de tarifs qui sont au moins en partie répercutées sur les prix de vente en magasin, qui dépendent des décisions prises par les grandes enseignes. En effet, les grandes surfaces peuvent prendre la décision d’opter pour une réduction des prix ou décider de prendre ces rabais pour elles et ainsi en faire profiter ses marges. Cela serait une décision profitabiliste avec une augmentation de ses propres bénéfices. Aucune évolution ne serait constatée sur les tarifs des consommateurs, ce qui ne serait donc pas forcément une bonne nouvelle pour ces derniers.
Les consommateurs sont nombreux à avoir l’impression que faire les courses en supermarché est de plus en plus cher. Pourtant, selon plusieurs observatoires la majeure partie des prix seraient restés stables et seraient même en baisse en 2015. Ainsi, l’évolution du prix des courses alimentaires selon les produits et les rayons nous permet d’en apprendre un peu plus sur le prix moyen du caddie. Ainsi si l’on observe l’évolution des prix selon quatre grands rayons alimentaires que sont l’épicerie, les fruits et légumes, les produits laitiers sans oublier les viandes et poissons on s’aperçoit que les habitudes d’achats font varier les prix et pas tous dans le même sens. Par ailleurs, des produits comme les pâtes, le pain baguette et les petits pots bébé sont restés stables, tout comme le yaourt nature (avec même une légère baisse), des produits très communs des paniers moyens des consommateurs. À l’inverse, les poissons, fruits et légumes ont connu une légère hausse.
Enfin, on peut évoquer l’impact des attentats terroristes qui pourront être négatifs durablement. La décision de Carrefour de suspendre sa nouvelle campagne publicitaire « J’optimisme » suite aux attaques contre Charlie Hebdo semble confirmer son intuition.