Jeudi 22 décembre 2016, Ségolène Royale inaugurait en Normandie la première route solaire de l’Hexagone. Le tronçon de plus d’un kilomètre devient ainsi le plus long de son espèce au monde. Tournant majeur dans le monde des énergies renouvelables ou coup de com réussi, le projet Wattway mené par l’entreprise Colas en collaboration avec le gouvernement français est sans aucun doute une prouesse technologique.
Le concept de route solaire date des années 2000. Toujours dans sa phase préindustrielle, il est encore difficile de mesurer l’efficacité du concept. L’idée parait néanmoins brillante : les dalles photovoltaïques peuvent être installées directement sur la route sans avoir à la détruire et leur durée de vie est égale à celle des routes classiques. La perspective d’un espace de pose infini laissant intact l’esthétique de son environnement est en effet idyllique. De plus, le rendement de 15 % est à peine en deçà de celui des panneaux voltaïques classiques (18 %). C’est également l’occasion pour l’entreprise française Colas de devenir le leader dans un secteur qu’elle voit porteur.
Cependant pour beaucoup, si la performance du projet Wattway doit être saluée, son intérêt est limité. En effet d’un simple point de vue écologique, le recyclage des matériaux n’est pas encore optimal. La faible production et les couts qu’elle engendre rendent utopique la reproduction du projet à grande échelle. Si on ajoute à cela que le rendement de la route solaire doit être revu à la baisse, car sensible aux dégradations et aux aléas climatiques, les couts en énergie et en capitaux pour couvrir la pose et les raccordements électriques, on arrive au constat que la route n’est pas économiquement viable d’une part, et qu’elle ne semble pas non plus la source la moins polluante d’énergie. (Rentabilité quatre fois moindre que l’éolien). A la manière du projet Désertec qui visait à utiliser l’ensoleillement du Sahara pour couvrir les besoins énergétiques de l’UE, Le risque est donc de voir le projet tomber en perdition pour des raisons pratiques.
N’oublions cependant pas que le projet n’en est qu’à ces débuts. Soutenu par le gouvernement français, il est possible qu’à force d’innovations incrémentales les routes solaires deviennent une solution intéressante dans le futur. Nombreux étaient les détracteurs de la voitures électrique ; aujourd’hui leur nombres et leur rentabilité énergétique ne cessent de croitre.